Zurich Canada10 janvier 2024

Rapport sur les risques mondiaux 2024 – 19e édition 

Le Rapport sur les risques mondiaux, qui s’appuie sur près de deux décennies de données originales liées à la perception des risques, met en garde contre un paysage mondial des risques dans lequel les progrès en matière de développement humain s’effritent lentement et les États ainsi que les personnes vulnérables doivent affronter des risques nouveaux et résurgents.

Le Rapport sur les risques mondiaux 2024, élaboré par le Forum économique mondial en collaboration avez Zurich et Marsh McLennan, présente les résultats de l’Enquête sur la perception des risques mondiaux, qui recueille les avis de près de 1 500 spécialistes mondiaux. Le rapport analyse les risques mondiaux pour trois périodes afin d’aider les décideurs à faire l’équilibre entre les crises actuelles et les priorités à long terme.

En ce début de 2024, les résultats du Rapport soulignent des perspectives majoritairement négatives au cours des deux prochaines années (84 % des répondants sont inquiets), qui devraient s’aggraver au cours de la prochaine décennie (92 % des répondants sont pessimistes).

Quatre forces structurelles façonneront la façon dont les risques mondiaux se matérialiseront et seront gérés au cours de la prochaine décennie. Il s’agit de changements à long terme dans la disposition et les relations entre quatre éléments systémiques du paysage mondial :

  • Les trajectoires relatives au réchauffement de la planète et ses conséquences sur les systèmes terrestres (changement climatique).
  • Les changements de taille, de croissance et de structure des populations dans le monde (bifurcation démographique).
  • Les voies de développement des technologies d’avant-garde (accélération technologique).
  • L’évolution de la concentration et des sources du pouvoir géopolitique (changements géostratégiques).

Les risques environnementaux continuent de dominer le paysage des risques sur trois horizons temporels. Les deux tiers des personnes interrogées dans le cadre de l’Enquête considèrent les conditions météorologiques extrêmes comme le risque le plus susceptible de provoquer une crise à l’échelle mondiale en 2024, la phase de réchauffement du cycle El Niño -Oscillation australe devant s’intensifier et persister jusqu’au mois de mai de cette année. Elle est également considérée comme le deuxième risque le plus grave sur une période de deux ans. Comme dans le classement de l’année dernière, les risques environnementaux dominent les quatre premiers risques mondiaux en termes de gravité sur une période de dix ans.

Les agents étrangers et nationaux qui se servent de la désinformation et de l’information erronée pour creuser davantage les fossés sociétaux et politiques constituent le risque mondial le plus grave prévu pour les deux prochaines années (et le cinquième risque le plus important sur dix ans). Avec trois milliards de personnes qui se rendront aux urnes en 2024, l’utilisation généralisée de la désinformation et des outils pour la diffuser pourrait saper la légitimité réelle et perçue des gouvernements nouvellement élus. Les progrès technologiques récents, dont l’intelligence artificielle générative, ont augmenté le volume, la portée et l’efficacité des informations falsifiées. L’érosion à long terme des processus démocratiques est aggravée par des troubles allant des manifestations violentes et des crimes de haine jusqu’à la confrontation civile et le terrorisme.

La polarisation de la société compte parmi les trois principaux risques à la fois actuels et pour l’horizon temporel de deux ans, et se classe au neuvième rang à plus long terme. Alors que la polarisation s’accentue et que les risques technologiques ne sont pas maîtrisés, la « vérité » sera à nouveau mise à l’épreuve. De plus, la polarisation de la société et le ralentissement économique sont considérés comme les risques les plus interconnectés — et donc les plus influents — dans le réseau mondial des risques, en tant que moteurs et conséquences possibles de nombreux risques.

La crise du coût de la vie constitue toujours une préoccupation majeure dans les perspectives pour 2024. Les risques économiques d’inflation (no 7) et le ralentissement économique (no 9) font également leur apparition dans le classement des 10 premiers risques pour la période de deux ans. Bien qu’un « atterrissage en douceur » semble prévaloir pour l’instant, les perspectives à court terme restent très incertaines. L’incertitude économique pèsera lourdement sur la plupart des marchés, mais les capitaux seront les plus coûteux pour les pays les plus vulnérables. Les pays les plus vulnérables au climat ou sujets à des conflits risquent d’être de plus en plus exclus des infrastructures numériques et physiques, du commerce et des investissements verts dont ils ont tant besoin, ainsi que des occasions économiques connexes.

De même, la convergence des avancées technologiques et des dynamiques géopolitiques pourrait également créer une nouvelle série de gagnants et de perdants dans les économies avancées et en développement. Les pays et les communautés vulnérables pourraient être laissés pour compte, isolés numériquement des percées de l’intelligence artificielle qui ont un impact sur la productivité économique, les finances, le climat, l’éducation et les soins de santé, ainsi que sur la création d’emplois qui en découle.

À plus long terme, la poursuite du développement humain est menacée. Les tendances économiques, environnementales et technologiques pourraient renforcer les défis existants en matière de mobilité professionnelle et sociale, en empêchant les personnes d’accéder à des revenus et des compétences, et donc d’améliorer leur situation économique. 
Les tensions géopolitiques qui couvent, combinées à la technologie, entraîneront de nouveaux risques de sécurité. En tant que produit et moteur de la fragilité, les conflits armés interétatiques font leur entrée au classement des risques les plus importants sur un horizon de deux ans. Ce risque devient encore plus préoccupant lorsqu’il est considéré dans le contexte des récentes avancées technologiques.

Les clivages idéologiques et géoéconomiques perturberont l’avenir de la gouvernance. Une fracture plus profonde sur la scène internationale entre les multiples pôles de pouvoir entre le Nord et le Sud pourrait paralyser les mécanismes de gouvernance internationaux, éroder la coopération et détourner l’attention et les ressources des grandes puissances pour ce qui est des risques mondiaux urgents.

La prochaine décennie sera caractérisée par une volatilité intense, alors que nous traversons des changements géopolitiques, climatiques, démographiques et technologiques. La coopération sera mise à rude épreuve. Toutefois, il reste des possibilités de mesures essentielles qui peuvent être prises au niveau local ou international, individuellement ou en collaboration, et réduire de manière significative l’impact des risques mondiaux. Des stratégies localisées peuvent réduire l’impact des risques inévitables auxquels nous pouvons nous préparer, et les secteurs public et privé peuvent jouer un rôle clé pour étendre ces avantages à tous.

 

Téléchargez et lisez ici le Rapport complet ou le résumé :